• La famille des Seigneurs de Durban

     

    La puissante famille de Durban a fortement marqué la Corbière pendant tout le Moyen Age et son influence se poursuivit jusqu’à la fin du XVVIIe siècle.

    On en trouve la première mention en 1018 à l’occasion d’un hommage pour le château.

    La  famille des Seigneurs de Durban présente des particularités qui en font, dans cette région, une lignée à part.

    Première particularité : le château

     

    La famille des Seigneurs de Durban

     

    Le berceau de la famille est bâti sur un piton rocheux dans la vallée de la Berre. Il n’a rien d’une « Citadelle du Vertige » à côté de ces « nids d’aigles inexpugnables » que sont les principaux châteaux des Hautes Corbières. Il fait plutôt figure de résidence que de forteresse.

    Or, il est étonnant que notamment pendant les périodes troublées du Moyen Age, les seigneurs de Durban aient toujours résidé au château sans que celui-ci fut investi ou détruit.

    La puissance des Durban n’était donc pas établie par la force à une époque où guerroyer était un divertissement au même titre que la chasse, mais sur la gestion de leur patrimoine, une politique de propriétaires  fonciers.

    Deuxième particularité : le nom d’Iberinus

    Ce sobriquet, déjà mentionné sur l’acte le plus ancien au début du XIe siècle, diversement traduit dans les textes latins (Hibrini, Ebrinus, Ebrini, Iberinus) signifie l’Ibère, l’Espagnol.

    Ce Patronyme, l’Ibère, apparaît dans les archives jusqu’en 1229, soit deux siècles après la première mention que nous possédons.

    Troisième particularité : le nom de Guillaume

    Dans cette famille, on avait l’habitude d’appeler Guillaume le fils aîné jusqu’à ce que la seigneurie de Durban passe dans la famille des Gléon par le mariage d’une fille qui d’ailleurs s’appelait Guillemette. On ne retrouve cette tradition dans aucune autre famille de la région. Mais le nom de Guillaume disparaît dans les branches collatérales.

    Quatrième particularité : le droit d’aînesse

    Contrairement à la coutume locale, du partage égal entre les héritiers, les seigneurs de Durban appliquaient le droit d’aînesse dans les successions.

    Dans la famille de Durban, pas de partage entre les héritiers en dehors d’une partition entre deux coseigneuries vers 1250, mais qui restera intacte jusqu’en 1450, date à laquelle à la suite d’un double héritage, la totalité de la Seigneurie sera la propriété des familles La Treilles-Gléon- Durban.

    Si ce droit d’aînesse est certainement une des causes de la solidité des Durban, il en est une autre aussi importante : les seigneurs ne se désintéressaient pas des puinés, tout au contraire.

    Une politique patiente de mariages, d’achats, permettait de les doter en dehors du patrimoine initial.

    C’est ainsi que la famille a essaimé dans toute la Corbière, abandonnant le nom d Durban pour celui du nouveau fief, mais contribuant à la puissance du patrimoine familial.

    Des branches collatérales se sont ainsi développées tout autour de la vallée de la Berre : Fontjoncouse, Donos, Mandourelle, Saint Martin de Tocques , Montséret, Fraisse, Villerouge, Jonquières, Ornaisons, Leucate.

    Ce droit d’aînesse qui, dans le Nord a été la cause de tant de meurtres, de guerres, de coalitions, évitait le morcellement et l’affaiblissement systématique des seigneuries, mais était la seule façon de résister aux ambitions territoriales de Fontfroide qui, n’ayant pas de problème de succession visait à établir un immense domaine d’un seul tenant dans lequel l’abbaye aurait tous les droits y compris les droits de haute et basse justice.

    Pourtant cette politique suivie de générations en générations présente une faille due à des circonstances particulières.

    En 1272, Guillaume de Durban rend hommage pour une moitié du château de Durban tandis que Fine de Durban, fille de Raymond de Durban chevalier, rend hommage pour l’autre moitié.

    Ces deux co-seigneuries subsisteront intactes jusqu’au milieu du XVe siècle.

    En 1333, Guillemette de Durban épouse Guillaume de Treilhes et de Gléon et apporte à celui-ci la moitié du château de Durban.

    En 1455, à la suite d’un double héritage les deux parties de la seigneurie furent réunies dans les mains des La Treilles-Gléon-Durban.